Les maisons à pans de bois du Trégor sont issues de l’architecture médiévale bretonne. Construites principalement en chêne, ces structures se distinguent par leur ossature visible . Dans le Trégor, ces maisons arborent souvent des fenêtres en accolade et des motifs sculptés. On les retrouve à Lannion, à Tréguier, à Paimpol, à Pontrieux, à Guingamp ainsi qu’à La Roche-Derrien. Ces bâtiments historiques, autrefois habités par la bourgeoisie et les commerçants, sont aujourd’hui des monuments historiques qui continuent d’embellir les rues et de voir grandir des familles et des enfants. Qu’elles sont-elles ? Découvrons en détail ces maisons aussi appelées à colombage parfois.

Où trouver ces maisons à pans de bois dans le Trégor ?
À Tréguier, l’évolution architecturale a vu les façades droites remplacer progressivement les structures en encorbellement dès le 17ème siècle. Cependant, il y a 57 maisons à pans de bois, ce qui place la ville de Tréguier au 7ème rang des villes bretonnes pour le nombre de ces structures.
Paimpol se distingue par ses demeures à colombage du 15ème siècle, telles que la Maison Jézéquel, qui héberge une quincaillerie-coutellerie depuis 1886.
À Pontrieux, les maisons à colombage se caractérisent par une combinaison de bois, de pierre et de torchis, souvent érigées avec un pignon donnant sur la rue. La plus célèbre, surnommée la « Tour Eiffel » sur la place Yves Le Trocquer, garde un lien mystérieux avec Gustave Eiffel. Il s’agit de la seule – à ma connaissance – classée sur Pontrieux.
Lannion abrite 34 maisons en pans de bois datant de l’âge d’or du Trégor, démontrant un savoir-faire unique. Malgré les incendies durant les guerres de la Ligue, l’architecture à colombage a survécu jusqu’à la fin du 17ème siècle.
La Roche-Derrien rassemble plusieurs maisons à colombage allant du 15ème au 17ème siècle, exemples notables de l’architecture traditionnelle bretonne de l’époque. Construites par des marchands prospères, leur architecture est représentative des maisons urbaines du 15ème siècle. 2 sont notables et reconnaissables aujourd’hui. On peut les admirer sur la place du Martray (au 2 et au 8).

La Roche-Derrien, petite cité riche en maisons à pans de bois
Les maisons en pans de bois du Trégor, et de La Roche-Derrien, sont un témoignage vivant de l’histoire architecturale et sociale de la Bretagne à l’époque médiévale puis à la Renaissance.
À La Roche-Derrien, les maisons à pan de bois font partie intégrante du charme du centre historique. Témoins vivants de l’architecture urbaine des XVe et XVIe siècles, elles se concentrent autour de la place du Martray et dans les ruelles adjacentes. Leurs colombages apparents, leurs encorbellements caractéristiques et leurs façades colorées rappellent le rôle marchand de cette ancienne bastide du Trégor, autrefois animée par les foires, les marchés et le commerce fluvial sur le Jaudy. Ces constructions étaient courantes dans les villes médiévales de Bretagne, notamment dans les cités fortifiées ou à vocation commerciale, comme le rappelle le portail Patrimoine.bzh.
L’une des plus remarquables de ces demeures se situe au 8 place du Martray. Surnommée Ty Bras Ru (« la grande maison rouge » en breton), elle a été récemment restaurée pour retrouver tout son éclat. Sa façade rouge et ses colombages saillants ne passent pas inaperçus. Il s’agit de la maison collée au gîte Ty Kousked. Elle est de la mouvance des maisons à colombage de Guingamp et du Trégor.
Cette maison a servi au fil des siècles de centre de haute justice, d’hôtel, de musée, et fut même une échoppe de chapelier — autant de fonctions qui témoignent de son importance dans la vie locale. Aujourd’hui, elle est redevenue ce pour quoi elle a été conçue : une maison habitée, preuve que le patrimoine ici n’est pas figé, mais toujours vivant.
Lannion : un centre ancien riche en colombages
Le centre ancien de Lannion est l’un des plus remarquables des Côtes-d’Armor pour ses maisons à pans de bois. Autour de la place du Centre et des venelles, plusieurs édifices médiévaux des XVe et XVIe siècles présentent des encorbellements typiques et des façades sculptées. La plus connue reste la Maison aux Chapeliers, reconnaissable à ses colombages élégants et son pignon en saillie. D’autres bâtisses colorées bordent les rues étroites, témoignant de la prospérité commerçante de la ville à la fin du Moyen Âge.
Pontrieux : la Maison Eiffel et les façades colorées
Surnommée la « petite Venise du Trégor » grâce à ses lavoirs le long du Trieux, Pontrieux conserve plusieurs maisons à colombages qui bordent la place du Martray et ses ruelles adjacentes. Parmi elles, la plus célèbre est la Maison Eiffel, construite par l’ingénieur Gustave Eiffel pour sa fille, et qui se distingue par son originalité au cœur du bourg. Ses façades en bois, restaurées et mises en valeur, contribuent à l’atmosphère pittoresque de cette petite cité de caractère.
Guingamp : un patrimoine médiéval vivant
Ancienne cité épiscopale et place forte des ducs de Bretagne, Guingamp abrite encore de belles maisons à pans de bois, principalement autour de la place du Centre et dans ses rues commerçantes. Certaines datent des XVe et XVIe siècles et présentent des encorbellements caractéristiques. La Maison Henry Kerisnel, située près de l’hôtel de ville, en est un exemple emblématique, avec sa façade restaurée qui illustre le savoir-faire des charpentiers bretons.
Autres maisons à pans de bois dans le Trégor-Goëlo
Outre La Roche-Derrien, dont la grande place est bordée de remarquables maisons médiévales à pans de bois, on peut en admirer d’autres à Tréguier, notamment autour de la cathédrale Saint-Tugdual, où quelques façades anciennes subsistent. Dans le Goëlo, la ville de Châtelaudren conserve également plusieurs maisons à colombages, vestiges de son rôle commercial et administratif dès le Moyen Âge. Ces ensembles patrimoniaux forment un véritable chapelet architectural qui traverse le Trégor-Goëlo, rappelant la richesse historique et artisanale de la région.
L’origine du style de Guingamp
Les maisons à pans de bois dites de style de Guingamp apparaissent principalement entre le XVe et le XVIIe siècle, à une époque où la ville connaissait un essor commercial et religieux. Ce style se caractérise par des façades à encorbellement, des colombages apparents souvent peints ou sculptés, et des pignons tournés vers la rue. On en retrouve non seulement à Guingamp, mais aussi dans plusieurs villes du Trégor-Goëlo comme Lannion, Pontrieux et Tréguier, où les artisans charpentiers reproduisirent ces techniques.
Principe de construction des maisons à pans de bois
Ces maisons reposent sur une ossature en bois, généralement en chêne, qui forme la structure porteuse. Entre les poutres étaient insérés différents matériaux selon les ressources locales : torchis (mélange de terre et de paille), briques ou pierres. Les encorbellements, avancées d’un étage sur l’autre, permettaient de gagner de l’espace dans les étages supérieurs tout en limitant la surface au sol. Ce procédé architectural offrait également une meilleure protection des façades inférieures contre la pluie.
Conclusion
Les maisons à pans de bois de Lannion, Pontrieux, Guingamp et des autres bourgs du Trégor-Goëlo sont bien plus que de simples témoins architecturaux : elles incarnent la mémoire vivante du Moyen Âge, la prospérité marchande d’antan et le savoir-faire des charpentiers bretons. Le style de Guingamp, avec ses encorbellements et ses colombages, rappelle une époque où chaque maison racontait la richesse de son propriétaire et la vitalité de sa cité. Aujourd’hui, grâce aux restaurations et à la mise en valeur des centres anciens, ces bâtisses continuent de rythmer les ruelles pavées et d’offrir aux visiteurs un voyage dans le temps. En séjournant à Ty Kousked, au cœur du Trégor, vous êtes à quelques minutes seulement de ces joyaux architecturaux. Une occasion unique de découvrir une Bretagne authentique, où le patrimoine et la vie locale s’entrelacent au quotidien.